Le bordel… C’était le bordel dans ce squat. Ca faisait peur à voir quand on n’avait pas l’habitude. Moi je l’avais. Ca avait eu du mal à passer, mais maintenant, je m’en foutais complètement quand je trouvais le bordel. Le squat n’était pas fait pour être propre non plus. Et puis, on n’était pas encore dans la période ménage de printemps.
Ce qui m’étonnait le plus n’était pas vraiment le bordel qu’il y avait dans cet appart abandonné depuis des lustres, c’était plutôt le fait qu’il n’y avait absolument personne. Pour une première, c’était vraiment une première. D’habitude, il y avait toujours au moins une personne ici. Enfin bon…

Je retirais mon blouson en cuir et le posais sur le canapé. C’était sans doute le seul endroit complètement propre parce que c’était quand même là qu’on posait nos fesses. Personnellement, je ne m’asseyais pas sur un endroit sale. Je pris la direction de la cuisine tout en nichant un coup de pied dans une vieille boite de pizza vide. C’était un des gestes habituels.
Je laissais couler l’eau pendant quelques secondes, le temps qu’elle redevienne un peu plus pure qu’au début de l’écoulement. C’était la crise cet endroit, mais au moins, y’avait l’eau. J’essayais de retirer tant bien que mal le cambouis que j’avais sur les mains. C’était tenace cette saloperie. Surtout quand mes mains avaient pataugé dedans toute la journée. En même temps, ce n’était pas trop difficile de les faire patauger dedans quand on était garagiste, mais bon.

Au bout de plusieurs minutes de frottage, je coupais l’eau et m’essuyais les mains. Bon, ce n’était pas le tout, mais ils étaient où, tous ? Je retournais dans le salon et me posais sur le canapé. Je remarquais qu’il y avait un prospectus sur la petite table basse. Il servait de dessous de verre et était légèrement collé dessous lorsque je le pris. Si j’en croyais ce qui était écrit, aujourd’hui il y avait une représentation au théâtre du quartier et je comprenais maintenant pourquoi l’endroit était désert. Ils étaient tous allés là-bas. Pff… et on m’avait même pas prévenu ! V’la la solidarité !

Aussi bizarre que cela puisse paraitre, j’étais entrain de lire le prospectus dans les moindres détails. Le programme de la journée était franchement très intéressant. Le spectacle avait commencé il y avait moins d’une heure de ça et comme j’étais au boulot à l’heure du début… Mais quand même, ils auraient pu me prévenir ! Surtout qu’apparemment, le programme tirait jusqu’à 3h du mat’. Et beh… Ca c’était du show ! Les enfoirés ne m’avaient même pas prévenu, ni demandé de les rejoindre. Ou alors, ils avaient laissé le prospectus pour que je pige le message. Finalement, c’était pas con. Je jetais négligemment le prospectus sur la table. Avec tout le bordel qu’il y avait ici, un peu plus ou un peu moins, ça ne changeait pas grand-chose.

J’étais entrain de prendre la décision d’aller les rejoindre pour le reste de l’aprem et de la nuit car de toute manière, je n’avais absolument rien de prévu, donc autant que je m’occupe, non ? Mais il semblerait que le destin ne soit pas d’accord avec moi car une certaine rouquine que je connaissais bien venait de faire son apparition dans le squat. Je la regardais en arquant un sourcil. Elle ne semblait pas particulièrement surprise de me voir. Elle donnait plutôt l’impression d’avoir trouvé ce qu’elle cherchait, et apparemment, c’était moi qu’elle cherchait. Mais pourquoi cette fois-ci ? Venait-elle encore me convaincre d’arrêter de dealer, ou elle venait acheter ? Franchement cette fille, je ne la comprenais pas. Avant, elle venait acheter et puis du jour au lendemain, elle me servait un discours comme quoi vendre de la drogue ce n’était pas bien bla bla bla.

Je la regardais poser ses fesses à côté de moi sur le canapé sans un mot. J’attendais le discours habituel. Toute façon, c’était tout le temps pour ça qu’elle me trouvait en ce moment. Parfois, j’arrivais à lui refiler de la drogue pour qu’elle me foute la paix. Quand elle venait pour me dire pour me servir son sermon, ça me gonflait plus qu’autre chose. Sérieusement, elle était qui pour me dire ce que je devais faire ou pas ? Elle était bien contente avant quand j’avais ce qu’il lui fallait dans les poches. Parfois même je lui faisais des réductions parce que je l’aimais bien. Mais là, la rouquine devenait de plus en plus soulante à chaque fois.

En guise de réponse à ses questions, je lui tendis le prospectus que j’avais abandonné quelques secondes avant qu’elle ne débarque dans le squat. Parfois, je ne prononçais pas de mots inutiles. D’aussi loin que je me souvienne, je ne parlais pas pour parler, mais simplement quand j’avais quelque chose à dire. Chose que Nina ne faisait quasiment pas. Enfin sauf quand il s’agissait de me balancer mille et un arguments pour me dire combien c’était mal de vendre de la drogue aux pauvres paumés de coin. Sauf qu’elle oubliait qu’elle avait été aussi la paumée du coin, bien contente de me trouver aussi.

« Qu’est-ce qui ramène tes jolies petites fesses ici ? » demandais-je finalement.

Autant aller directement droit au but. Et tel que je la connaissais, elle n’était pas venue pour me dire qu’il lui fallait une dose…

Je connaissais bien Adam, depuis le temps qu’il était mon dealer. En fait, dès que j’étais arrivée à Barcelone je n’avais pas mis longtemps à commencer à me droguer. J’avais un peu été la petite fille sans défense, perdue dans une grande ville. Adam aurait pu jouer le rôle du grand méchant loup et me filer de la drogue à tout va. Mais au contraire, c’était moi qui l’avais poussé à m’en donner. Lui, il n’avait vraiment rien fait pour que je devienne accro. Bon, maintenant qu’il savait que je l’étais, il ne se privait pas vraiment pour m’en proposer. Après tout c’était son job de faire consommer. Et moi, ça faisait longtemps que je ne risquais plus l’overdose. Alors il ne me mettait pas en danger en me donnant de la drogue.

J’avais décroché, mais très récemment. Alors parfois je retombais, et je devais avouer que c’était assez fréquent quand je restais avec lui. J’étais encore fragile, et mon corps manifestait encore des signes de manque. Je savais que je finirais pas arrêter définitivement, mais je ne savais pas encore quand. C’était ce que je voulais pour Adam. A la limite, ses activités de vente de me dérangeaient pas vraiment. Mais je n’aimais pas savoir qu’il bousillait son corps avec la drogue. Normalement, les affaires d’Adam ne me regardaient pas… mais que voulez-vous, j’étais comme poussée vers lui, sans comprendre pourquoi. Pour toute réponse à ma question, il me tendit le prospectus qu’il était en train de lire quand j’étais arrivée.

Je jetai un rapide coup d’œil dessus, pour comprendre directement que tous les habitués de l’appartement étaient partis à cette fête. J’avais entendu parler de cet événement, mais je n’avais pas prévu d’y aller, pour une fois. Quand je relevai la tête, Adam me demanda ce que je faisais ici. Avec moi, il avait toujours une manière de parler très franche. Je savais que je le fatiguais, et que parfois il en avait vraiment assez qu’une droguée lui fasse la morale. Mais j’étais certaine qu’un jour mes efforts paieraient. Bien sûr ça ne risquait pas d’arriver tout de suite, vu que comme je le disais, je n’arrivais pas toujours à résister à l’appel de la drogue. Je répondis directement, sans perdre de temps à m’inventer des excuses.

- Tu le sais bien. Quand je ne suis pas en manque, je viens toujours pour la même raison.

Je pouvais donner l’impression de m’enfoncer moi-même en parlant de mes crises de manque. Mais je n’avais aucune raison de lui cacher que j’étais consciente que j’avais encore un problème avec la drogue. Le seul truc qu’il devait savoir, c’était que j’allais m’en sortir. J’avais la conviction qu’un beau jour j’allais totalement décrocher. Alors pourquoi n’y arriverait-il pas lui aussi ?

Je ne me faisais aucune allusion sur ce qui amenait Nina à venir me parler. C’était pour cette raison que je lui avais directement demandé ce qu’elle me voulait. Néanmoins, j’avais un léger espoir qu’elle me dise qu’elle venait acheter. Qui sait ? Peut-être qu’elle était en manque et que cette fois-ci, elle avait mis sa moralité de côté pour consommer. Honnêtement, ça m’arrangerait beaucoup parce qu’au moins, je n’aurais pas à subir tout son bla bla. Ca ferait peut-être du bien à mes oreilles de ne pas l’entendre me sortir son grand discours habituel. Surtout que la señorita jouait les donneuses de leçons avant de s’en faire à elle-même. Et ça, ça m’énervait. Je le voyais quand elle était en manque parce que son corps parlait pour elle, surtout avec ses gestes nerveux, mais elle continuait quand même à parler et parler encore et encore. Bla, bla, bla…

« Certes, mais peut-être que là, t’es en manque ! »

Bah ouais, l’espoir persistait pour qu’elle m’annonce que pour mon plus grand bonheur, elle venait parce qu’elle était en manque. Que voulez-vous ? Ayez donc une femme qui vous poursuit pour vous sortir sa grande philosophie, et après vous comprendrez à quel point c’était pénible et pas amusant du tout. Okay, la première fois qu’elle était venue pour me parler de tout ça, j’avais trouvé ça drôle et ça m’avait fait sourire, limite rire. Mais là, ça ne m’amusait plus du tout.
Quelque part, elle avait de la chance d’être de sexe féminin parce que si elle avait été un homme… je n’aurais pas été aussi gentil. Même pas du tout. J’en avais envoyé sur le tapis pour beaucoup moins que ça, mais il ne fallait tout de même pas qu’elle abuse de ma gentillesse parce que j’avais des limites et franchement, elles étaient assez rapides à atteindre. D’ailleurs, elle était déjà entrain de les atteindre. Mais bon, il fallait rester zen.

A voir l’expression que Nina abordait, elle n’était pas en manque. Dommage pour moi. Au moins j’aurais essayé. Je lâchais un soupire bien audible et me levais. Je me dirigeais vers la chaise sur laquelle j’avais abandonné mon blouson et l’attrapais pour en sortir mon paquet de clopes. Je reposais mon blouson de nouveau et retournais m’asseoir sur le canapé.
Je sortis une cigarette et la calais entre mes lèvres avant d’attraper le briquet qui se trouvait dans la poche de mon jean.

« Ca risque d’être long » fis-je à moi-même tout en allumant ma clope et en tirant la première bouffée de nicotine.

Je me mis à sourire. Il espérait encore que je sois en manque, ce que je comprenais aisément. Je n’étais pas une idiote, et je savais à quel point mes discours l’énervaient. Seulement, je ne pouvais pas m’empêcher de m’inquiéter pour lui. Laissez-moi vous dire que si je n’avais pas été un tant soit peu attachée à lui, j’aurais abandonné depuis longtemps. Car je ne connaissais personne de plus têtu qu’Adam. Il ne voulait rien entendre, c’était le meilleur dans le domaine du ‘ça entre par une oreille et ça sort par l’autre’. Dans mon genre je n’étais pas mal non plus. Il avait beau me répéter qu’il s’en fichait de ce que je pensais à propos de sa consommation de drogue, je continuais.

Un jour, j’allais tellement l’énerver qu’il allait simplement partir sans m’accorder un seul regard de plus. C’est d’ailleurs ce que je cru qu’il allait faire lorsqu’il se leva pour aller chercher une cigarette dans la poche de sa veste. Il ne croyait pas si bien dire lorsqu’Adam disait qu’il allait trouver le temps long. J’avais fait le plein d’arguments, et je comptais bien lui exposer tout ce que j’avais en tête. Tout ce que j’espérais, c’était qu’il n’allait pas sortir de la drogue face à moi, car je ne savais pas si j’allais résister. J’étais encore très faible, et malgré tous mes arguments contre la drogue, mon corps était en manque de cette substance qui me détruisait à petit feu.

Pour l’instant je ne manifestais aucun signe extérieur de manque, mais qu’est-ce qui m’assurait que ça allait continuer s’il sortait de la drogue devant moi ? Parfois je ne me rendais pas compte que j’avais besoin de drogue, jusqu’à ce qu’elle soit à ma vue. Adam avait peut-être raison en disant que j’étais en manque. Ma tête me disait d’arrêter, que tout ça était mauvais pour moi, et que ça allait finir par me tuer. Mais mon corps, lui, il ne voyait plus que la drogue une fois que quelqu’un m’en proposait. C’était vraiment perturbant de ne pas pouvoir contrôler ce manque. Pourtant je m’en sortais très bien lorsque j’étais seule. Enfin, c’était ma faute, puisque c’était moi qui avais décidé d’aller voir Adam.

- Si tu continues à ce rythme, tu vas vite devenir horrible. La cigarette en plus de la drogue, il n’y a rien de mieux pour transformer quelqu’un en déchet.

Je disais vrai. J’avais vu de mes propres yeux ce que la drogue pouvait avoir comme effet sur les dents et sur la peau. Le corps se détruisait. Pour l’instant, Adam était attirant… D’ailleurs je devais admettre que je n’étais pas du tout indifférente à tout cela ; même si je parvenais à me contrôler vis-à-vis de lui. Mais s’il continuait à consommer de la drogue et du tabac, son corps allait se détériorer à toute vitesse. Peut-être qu’il s’en fichait, mais je pensais que c’était un argument assez fort pour démarrer le débat. Si on pouvait parler de débat, car je parlais souvent seule dans ces moments-là.

Ca y est, le sermon commençait et je savais d’avance qu’il allait me taper sur le système nerveux. Je levais les yeux au ciel en guise de première réponse. Je tirais une seconde bouffée de nicotine. Le plus chiant dans toute cette histoire, c’était que j’avais pas d’aspirine pour me faire passer mon futur mal de crâne qui risquait de pointer très rapidement. Bon sang, son discours, je le connaissais limite par cœur. A chaque fois, il y avait un argument ou deux qui faisaient leurs apparitions, mais mis à part ça, c’était exactement le même refrain.

« Dis donc ma jolie, le jour où tu seras cent pour cent clean, on en reparlera, okay ? Alors pour l’instant, ce que je fais de moi, ça te regarde pas. »

Non mais, c’était terrible quand même ! On venait me faire la morale à moi alors que la seule chose que je faisais de plus, c’était de dealers de la drogue et de fournir d’autres petits dealers qui ne servaient à rien et qui se faisaient choper par les premiers flics venus. Bon, je m’attirais aussi les emmerdes du coup, mais j’avais toujours réussi à m’en sortir jusqu’à maintenant, alors pourquoi est-ce que ça changerait ? En tout cas, ce n’était pas une jolie rouquine qui allait faire changer tout ça.

Jusqu’à présent, personne ne m’avait dicté ma vie, mis à part peut-être ma grand-mère, mais elle, c’était différent. Elle m’avait sorti de la merde quand ma mère faisait que boire de l’alcool.
Je dégottais rapidement un cendrier à moitié plein, ou à moitié vide selon les points de vue, et le plaçais en évidence juste devant moi afin de pouvoir mettre la cendre dedans. Bon, le sol était crade, mais je ne faisais rien pour salir encore plus le carrelage. Ca allait déjà être chiant quand on allait devoir nettoyer alors autant minimiser les déchets. Enfin bref, j’allais arrêter la dissertation sur ça, parce que ça aussi ça allait me donner mal au crâne.

« Puis toute façon, j’ai besoin de se fric alors c’est pas demain la veille que je vais arrêter. »

La majorité de mon salaire de garagiste partait dans les bouteilles d’alcool que j’achetais à ma mère ou bien ses consultations chez le médecin. Donc moi, à côté, il fallait bien que je vive aussi et hors de question de faire des heures supplémentaires. Donc, il fallait bien trouver un moyen de se faire du pognon et je l’ai trouvé.

J’énervais vraiment Adam, et pour l’instant ça m’amusait. Bon, rien ne disait que s’il commençait à me hurler dessus j’allais toujours trouver ça drôle. Mais je n’avais pas peur de lui. Au contraire, et contre toute attente, il avait ce côté rassurant pour moi. Quand j’étais avec lui, je me sentais en sécurité, peu importait où j’étais. Oui, je sais, c’était un sentiment bizarre… Et moi-même je ne parvenais pas à me l’expliquer. Mais bon c’était comme ça, et voilà. Sa remarque venait de faire l’effet d’une bombe. J’ouvris la bouche pour protester, mais je n’eus d’autre choix de me rendre compte qu’il avait parfaitement raison. Je donnais des leçons à quelqu’un alors que j’étais moi-même dépendante… Ce qui n’allait pas m’empêcher de mentir.

- Ah ouais ? Pour ta gouverne, je peux résister.

A l’instant où les mots étaient sortis de ma bouche, je savais que j’allais regretter mes paroles. En particulier s’il avait de la drogue sur lui et qu’il me la donnait pour me tester. Même si j’avais prétendu le contraire, je ne me sentais pas vraiment capable de résister. Il y avait tout à parier que j’allais très vite craquer si je me retrouvais avec de la drogue sous le nez. Et qui savait comment j’allais me comporter après. Si une telle chose arrivait, j’allais perdre toute crédibilité devant lui et j’allais être bonne pour recommencer tout le travail que j’avais accompli jusque là. Pour une fois, j’aurais mieux fait de fermer ma grande bouche et de ne pas réagir à ses provocations.

Mais bon, c’était trop tard. Encore une fois il sortait l’excuse de l’argent. Je levai les yeux au ciel. C’était vraiment la seule excuse qu’il avait, et il s’en servait à tout va. Il y avait bien d’autres moyens de gagner de l’argent. Peut-être pas autant, mais c’était le prix à payer lorsqu’on n’était pas un hors-la-loi. Moi je me débrouillais bien avec mon salaire de serveuse, alors lui avec son boulot de garagiste il pouvait bien garder la tête hors de l’eau. J’étais toujours dans le canapé, occupée à le regarder fumer sa cigarette. Je ne savais plus quoi lui répondre, puisque ses raisons étaient toujours les mêmes. Au lieu de ça, je me contentais de le fixer se détruire les poumons.

Et puis maintenant que je lui avais assuré pouvoir résister à la drogue alors que je n’en étais pas capable, je préférais me faire discrète jusqu’à ce qu’il oublie ce que je venais de lui dire. Je ne me faisais tout de même pas trop d’idées, je n’osais même pas espérer qu’il n’essaie pas de me donner tort.

C’était à croire que Nina jubilait de me faire la morale. Ca lui faisait limite plaisir de me voir réagir au quart de tour et de m’énerver. Dans ces moments-là, je me disais qu’elle avait de la chance d’être une fille parce que je ne frappais pas les filles en principe. Par contre, elle aurait eu autre chose entre les jambes, je n’aurais pas hésité à lui mettre un coup jusqu’à être totalement satisfait.
Bon, aller Adam, c’est pas sympa de penser comme ça. Le désavantage, c’est qu’il n’y avait pas de punching ball dans le coin pour me défouler après, parce que j’allais franchement en avoir besoin. Restons zen, Adam, restons zen ! Concentrons-nous sur quelque chose de positif. Sauf que… Je ne voyais pas du tout ce qu’il y avait de positif à penser.

J’eus quand même le droit à quelques secondes de silences avec mes premières paroles. Béni soi le seigneur de m’accorder un peu de répit, même si ce n’était pas grand-chose. J’étais certain qu’au fond, Nina était sympathique comme fille. J’arriverais peut-être même à l’apprécié si seulement elle voulait bien arrêter de me prendre la tête avec sa moralité à dos pesetas.
Enfin, le silence ne dura pas éternellement parce qu’elle trouva finalement quelque chose à dire. Et ces paroles me faisaient doucement sourire. Résister ? Ouais ! Mes fesses !

« C’est ça ! Et moi je bois que de l’eau » répondis-je au tac au tac.

Je connaissais la résistance de cette fille quand elle commençait à être en manque. Et sur une échelle de 0 à 10, autant vous dire que sa résistance était plus proche de zéro que d’un autre chiffre. Donc, pour donner des leçons, je maintenais le fait qu’elle ferait mieux de se regarder avant de causer. C’était comme les mômes qui se critiquaient entre eux alors qu’il n’y en avait pas un pour relever les autres. C’était pitoyable.

Je fis tomber un bout de cendre dans le cendrier et continuais de consumer ma clope. Ceci prouvait clairement que j’en avais absolument rien à faire de ce que Nina pouvait bien raconter. J’étais au courant de ce que le tabac faisait. Il y avait déjà les images que le ministère de la santé avait décidé de mettre sur chaque paquet de clope, avec le slogan : « Fumer tue ! » et d’autres débilités dans le genre. Ca faisait des lustres que les gens fumaient, et à l’époque ce n’était pas des cigarettes remplies de nicotine etc… Ah non ! Marijuana, cannabis, beuh… et j’en passais des meilleurs. Alors qu’est-ce qui était pire ? Je me le demandais.

« Et puis, franchement, chérie, on est tous au courant de ta résistance. Elle vaut pas un clou. Je le sais, et tu le sais. »

J’étais loin d’être aveugle car j’avais appris à observer chaque petit signe qui montrait un manque. Ca passait des petits tressautements de muscles à l’agitement évident des muscles. Ce n’était donc pas à un dealer de drogue qu’on allait faire croire que niveau résistance, on était au top. A qui on voulait, pourquoi pas, mais pas à moi. Oh non !

Evidemment Adam ne me croyait pas capable de résister, et il avait tout à fait raison. Mais ma fierté m’empêchait de le laisser dire ça. Seulement je ne me rendais pas compte que cette fierté allait finir par me faire perdre ma crédibilité. Ma tête me disait de me taire et de ne pas en rajouter avant que je ne sois réellement dans une situation de laquelle je ne pourrais plus me sortir. Cependant, je ne pouvais pas m’empêcher de parler. Mes parents m’avaient fait taire pendant bien trop d’années pour que je me laisse marcher sur les pieds maintenant que j’avais pris mon indépendance. J’avais envie de lui faire ravaler son arrogance, bien que je tienne à lui. La façon dont il me regardait ne me plaisait pas en ce moment.

- Et bien vas-y je t’en prie, mets-moi à l’épreuve puisque tu ne me crois pas.

« Oh bravo Nina ! » L’art de se mettre dans la mouise toute seule. Autant lui servir ma crédibilité sur un plateau d’argent pour qu’il puisse lui-même la piétiner. C’était vraiment n’importe quoi, Adam me faisait faire des choses illogiques. J’étais tout à fait consciente que j’allais regretter tout ça tôt ou tard, ou pourtant je persistais à m’enfoncer. Quelle idiote irait presque supplier un dealer de lui mettre de la drogue sous le nez pour lui prouver qu’elle pouvait résister, alors qu’elle savait qu’elle craquerait dès qu’elle la verrait ? Ben, moi. Des fois je pensais à me décerner la palme de la connerie. J’étais certaine qu’Adam serait d’accord avec moi pour une fois.

D’un côté si je craquais, il serait sûrement heureux pour deux raison : La première, le fait qu’il saurait qu’il avait eu raison sur toute la ligne à propos de moi et de ma résistance inexistante ; la seconde, le fait que j’allais sans doute être plus agréable à vivre. Dès que je me droguais, les notions de bien et de mal disparaissaient. Ce qui m’empêcherait de continuer à lui faire la leçon. Mais ça tout de même, je n’étais pas assez idiote pour lui dire. Sinon c’était clairement une invitation à me faire directement consommer pour que j’arrête de l’énerver. La vérité c’était que j’avais peur. Je venais de lui lancer le défi de me faire craquer, ce qui n’était somme toute pas un défi. Il lui suffisait de sortir de la drogue de sa poche, et c’était gagné.

Au moins j’avais encore l’avantage de ne pas avoir laissé les traits de mon visage trahir le doute. Au contraire, je semblais sûre de moi. Mais franchement, je savais que ça n’allait pas m’aider très longtemps. Adam n’était pas dupe, il me connaissait et savait où étaient mes faiblesses.

Nina poussait vraiment le bouchon trop loin. Elle savait comme quoi qu’elle ne valait absolument rien en ce qui concernait la résistance face à la drogue et pourtant, elle insistait en me laissant le loisir de la mettre à l’épreuve. Pourtant, tout comme moi, elle savait qui de nous deux allait gagner. Et pourtant, ça ne l’empêchait pas de foncer droit dans le mur et la tête baissée avec ça.
Je soupirais. Je ne pouvais rien faire d’autres tellement c’était exaspérant comme situation. J’étais sur et certain que si nous n’étions pas que deux, les autres auraient approuvé la façon dont je pensais et l’auraient sans aucun doute traité d’idiote. M’enfin, généralement, quand Nina me parlait des méfaits de la drogue, on était tout le temps que tous les deux. Je me demandais si elle le ferait quand même s’il y avait d’autres personnes. J’en doutais fort, mais je pouvais aussi me tromper.

« Je te prend aux mots » répondis-je.

Clope en bouche, je me levais et pris la direction de la cuisine. Je dégotais un verre propre (ce qui était plutôt rare d’en trouver un parce que d’habitude, il fallait en laver un sur le moment pour qu’il le soit) et le remplis avant de retourner dans le salon. Je me posais de nouveau sur le canapé et donnais le verre à Nina. J’écrasais ma cigarette dans le cendrier et sortis de ma poche de jean, un pochon en plastique où s’entassaient plusieurs petits autres pochons contenant des pilules de différentes couleurs.

J’en sortis trois différentes et attrapais le poignet de Nina afin de les déposer dans la paume de sa main. Je ne les avais pas choisi au hasard ces trois pilules car c’était celles qu’elle avait l’habitude de me demander quand elle était en manque. J’abordais un sourire narquois lorsque je relevais les yeux pour plonger mon regard dans le sien. J’étais sur et certain qu’on pouvait y lire le défi. J’allais gagner, je le savais. Mais visiblement la rouquine ne semblait pas de cet avis. Pourtant, ses gestes la trahissaient, prouvant qu’elle était bien en manque.

« Maintenant tu peux me prouver à quel point tu es résistante. Si tu tiens vraiment le choc, rends-les moi, et t’auras gagné. Si tu ne t’en sens pas capable… c’est la maison qui offre. »

Qu’elle profite parce que ça n’allait pas être tous les jours que je n’allais pas lui faire payer. Je voulais bien être gentil et baisser les prix de temps à autre, mais là… c’était vraiment exceptionnel. Et puis, de la drogue gratuite, qui y résisterait ? Pas un drogué en tout cas !

Je l’avais cherché au maximum, et ce qui devait arriver arriva. Adam ne perdit pas de temps pour se diriger vers la cuisine et me remplir un verre d’eau. Déjà, le stress se lisait sur mon visage. Heureusement, je pouvais vite tenter de cacher mon inquiétude avant qu’il ne revienne de la cuisine. C’est d’ailleurs ce que je fis du mieux que je pus, même si je n’étais pas très convaincante. De toute façon même en cachant mon stress au maximum je savais qu’Adam n’avait aucun doute sur l’état dans lequel je me trouvais. Ah ça, il devait jubiler un maximum rien qu’à l’idée que je finirais de toute façon par craquer. Ce n’était pas que je manquais de volonté, mais j’étais réaliste par rapport à moi-même.

Ce qui ne m’avait pas empêchée de prétendre le contraire en face de lui, mais c’était la chose la plus idiote que j’avais faite. Ma main trembla légèrement lorsque je pris le verre en main. Si mon corps n’y mettait pas du sien lui non plus, alors j’étais vraiment mal partie. Il était assis à côté de moi et j’essayais de ne pas le regarder. Je ne voulais pas qu’il me lance un regard qui allait encore une fois me confirmer ce qu’il pensait de ma résistance. Mais lorsqu’il attrapa mon poignet pour poser les pilules, et que mon regard se dirigea sur la drogue, mes yeux se défilèrent immédiatement et se posèrent dans les siens. Je préférais le voir lui plutôt que ces pilules. D’autant plus que c’étaient celles que j’avais l’habitude de prendre.

Je le fixais, et je voyais bien son sourire. Il avait déjà gagné, c’était évident. Rien que de voir mes muscles se contracter légèrement prouvait que le manque était là, et que j’avais juste réussi à le dissimuler jusque là. Si j’avalais ces trois pilules, ça allait faire un drôle de mélange qui allait me faire perdre ma lucidité. Qui savait ce qui allait se passer après. Histoire d’être bien certain que je ne résisterais pas, il me proposa de prendre cette drogue gratuitement, ou de la lui rendre si j’en étais capable. Ma main était toujours ouverte, les pilules commençant à trembler légèrement sur ma paume à cause des tremblements qui m’animaient. Je fermai les yeux, tentant de respirer profondément pour me calmer.

- Reprends-les…

Je les voulais ces pilules, et c’était ça qui commençait à m’inquiéter. Mais au fond de moi, je voulais aussi qu’il les reprenne, qu’il les mette hors de ma vue, hors de portée. Dire que cette drogue se trouvait sur la paume de ma main et que je n’avais qu’à la porter à mes lèvres pour pouvoir relâcher cette pression… « Non, non, résiste ! »

Je savais déjà que j’avais gagné. C’était tellement évident que même si elle refusait de les prendre, ma victoire était là quand même. J’espérais bien qu’elle savait que j’avais gagné, parce que sinon, j’allais réellement péter un plomb. Elle avait déjà commencé à perdre ses moyens quand je lui avais donné le verre d’eau. Pourtant, je n’avais absolument rien mis dedans. Tout se trouvait à présent dans sa petite main fine qui tremblait. Le stress se lisait même sur les traits de son visage. J’en avais vu des camé dans ma courte vie et ce n’était pas à moi qu’on allait mentir ni raconter des craques. Nina pourrait dire autant de fois qu’elle voudrait qu’elle allait bien et qu’elle n’avait aucun besoin, je ne la croirais pas.

Elle fuyait du regard les trois pilules que je lui avais mises dans la main. C’était une nouvelle preuve de ce que j’avançais. Elle voulait les avaler, c’était tellement évident… Et en les regardant, elle craquerait beaucoup plus vite que prévu. De mon point de vue, elle pouvait prendre le temps qu’elle voulait pour les avaler, je n’étais pas pressé. Mais alors pas du tout.
Ses yeux étaient plongés dans les miens et j’arrivais à y lire que tout son organisme criait « Drogue ». J’étais sur et certain qu’elle entendait cette petite voix imaginaire qui venait des pilules colorées. Sa main tremblait légèrement. J’avais vraiment raison lorsque j’affirmais que Nina était en manque, même si elle ne voulait pas se l’avouer.

Elle rompit notre contact visuel pour prendre, je le supposais, une grande inspiration. A vrai dire, je m’attendais à ce qu’elle déclare qu’elle n’en voulait pas. Mon sourire s’élargit. Je me penchais vers elle et lorsque mes lèvres furent au niveau de son oreille, je murmurais :

« Avale-nous, Nina, avale-nous… Tes pilules te réclament haut et fort. »

Franchement, est-ce que j’étais du genre à ne pas pousser la tentation jusqu’au bout ? Croyait-elle vraiment que j’allais me contenter de lui brandir de la drogue sous le nez, le lui agiter ? J’étais beaucoup plus intelligent que ça et je n’étais jamais sans ressource. J’avais toujours plus d’un tour dans mon sac et je comptais bien jouer toutes mes cartes et en trouverais d’autre si jamais cela ne suffisait pas. Et c’était seulement lorsque je serais sans ressource, je déclarerais que Nina résistait et bien partie pour mettre fin à cette consommation.

Je n’en menais vraiment pas large devant Adam, et j’en étais consciente. Cependant mon désir de consommer directement cette drogue m’empêchait de me reprendre. Dans ma tête, c’était le chaos, et je ne parvenais plus à réfléchir. Tout ce que je voyais, c’était ce que je tenais en main. J’avais beau fermer les yeux et prendre de grandes inspirations, l’image des pilules était ancrée dans mon esprit. Se passer de drogue n’était pas qu’une question de volonté. Il y avait aussi le manque qui se manifestait, par les tremblements et le souffle court. Mon corps n’était pas avec moi, et je m’en rendais compte. Ce n’était pas uniquement mental. Mon manque était aussi physique.

Mon corps réclamait sa dose, que je ne lui avais plus donnée depuis longtemps. Une fois que le corps était habitué à recevoir une certaine dose, il ne pouvait plus s’en passer. C’était pour cette raison que l’arrêt complet de la drogue nécessitait souvent le passage par la case ‘cure de désintox’. Moi je ne voulais pas y passer, je n’en avais pas les moyens. Et là dedans, je deviendrais cinglée. Enfin en cet instant je ne me sentais pas saine d’esprit non plus. Pour en ajouter à l’épreuve déjà compliquée à surmonter, Adam se mit à murmurer à mon oreille. Il voulait juste me prouver qu’il avait raison. Mais me concernant, c’était déjà fait. Je savais qu’il avait gagné.

Il attendait juste que j’avale ces pilules, avant de pouvoir fêter sa victoire. « Nom de Dieu Nina, reprends-toi ! » J’avais beau me répéter tout ça, je n’y arrivais pas. Ma main tremblait de plus en plus, et l’autre se resserrait sur le verre d’eau. Si j’en avais eu la force, j’aurais envoyé ce verre sur Adam pour qu’il arrête de murmurer ces mots à mon oreille. Seulement je n’arrivais plus à bouger. J’étais possédée par cette envie de me droguer. C’était de ma faute, je ne pouvais m’en vouloir qu’à moi. Ces tremblements me rendaient folle, je voulais à tout prix qu’ils s’arrêtent. La seule façon d’arrêter tout ça était de consommer ces saletés de pilules que je tenais en main.

- Tu sais ce qu’il va arriver si je craque.

Ces trois pilules, c’était un sale mélange. J’allais sûrement planer comme ce n’était pas permis, et faire n’importe quoi. De plus, mon corps perdait l’habitude au fur et à mesure des périodes où je ne consommais plus, ou presque plus. Je restais consciente de tous mes faits et gestes lorsque j’étais sous influence, bien sûr ; mais mon esprit ne me permettait plus de me rendre compte des conséquences de tout ce que je faisais. Je ne voulais pas que cela arrive en présence d’Adam. Je rouvris les yeux, ce qui fut en somme une énorme erreur. Evidemment mon regard fut attiré par ce que je tenais en main. Je refermai mon poing sur les pilules. Je n’en pouvais plus. Si Adam continuait, c’était terminé pour moi.

Le corps de Nina était de plus en plus expressif. Il savait qu’elle tenait des pilules dans le creux de sa main et qu’il suffisait simplement que cette main prenne la direction de sa bouche. C’était un geste anodin que son corps réclamait à grand cri. Mais la jeune femme continuait vainement de lutter. Que cherchait-elle à prouver ? Ca ne servait à rien, je le savais. Elle se rendait plus ridicule qu’autre chose. Quelque part, heureusement qu’il n’y avait que moi pour voir ça parce que la pauvre pourrait être morte de honte si jamais elle avait eu un public autour d’elle.

Lui murmurer des paroles au creux de l’oreille m’amusait réellement. Je savais qu’elle n’était qu’à un cheveu de craquer et de mettre ces pilules dans sa bouche. Ses jolies lèvres roses n’attendaient que ça de s’ouvrir pour pouvoir satisfaire le manque qui ne cessait de grandir encore et encore et qui menaçait d’exploser à tout moment.
J’avais déjà eu à faire à des gens qui faisaient des crises à cause du manque réellement grand et ce n’était pas beau à voir. Et je n’avais pas envie de voir Nina en faire une. Elle déformerait son si joli visage et se serais vraiment dommage.

Je me réinstallais correctement sur le canapé, baissant les yeux sur sa main qui tremblait encore et encore et c’était de pire en pire. Je savais également qu’elle me détestait en cet instant. Si elle avait assez de volonté, je me serais pris ce verre d’eau qu’elle tenait à la main ou alors une baffe majestueuse. Mais pour le moment, je savais que je ne risquais absolument rien.
J’eus un léger sourire lorsqu’elle me demanda si j’avais conscience de ce qu’il lui arriverait. Je pris son poing dans ma main et l’enveloppais.

« Rien qui ne puisse te faire du mal » répondis-je.

Sur ces bonnes paroles, je sortis les mêmes pilules que j’avais données à Nina quelques minutes plus tôt. Je pris le verre d’eau, desserrant les doigts de la jeune rouquine autour du récipient. Je fourrais les trois pilules dans ma bouche et les avalais avec une gorgée d’eau avant de le rendre à Nina, l’incitant à faire la même chose que moi.

Quand il affirmait que si je prenais ces pilules, cela ne me ferait pas de mal, je n’en étais pas si sûre. Peut-être que ce mélange ne causerait aucun dommage à mon corps, mais en ce qui concernait ce que j’allais bien pouvoir lui raconter lorsque j’allais partir dans le vague, ça je ne savais pas quelles conséquences cela pourrait avoir. Certains se libéraient en ayant bu un peu d’alcool, moi c’était la drogue qui me faisait cet effet-là. C’était beaucoup plus fort, et plus dangereux aussi. Mais j’étais dépendante, et pour l’instant rien ne pouvait me sortir de ça. Surtout si je m’obstinais à fréquenter Adam. Tout était bon pour me faire craquer dès que je le voyais.

Certes, je le détestais en ce moment. Cependant si j’avais été à même de réfléchir, j’aurais su que c’était uniquement de ma faute. Je l’avais presque poussé à me donner cette drogue. Qu’est-ce que je pouvais être idiote quand je voulais prouver quelque chose à quelqu’un. Maintenant c’était trop tard. Dès qu’il relâcherait mon poing, j’allais avaler ces pilules. Je le savais, je ne pouvais plus résister. Mon esprit n’était plus rien d’autre qu’un amas de pensées qui allaient dans tous les sens, sauf dans le sens de la Raison. Le fait qu’il me prenne le verre d’eau pour prendre les mêmes pilules que celles que je tenais en main n’allait sûrement pas m’aider.

Quoi que… Maintenant que lui aussi allait être sous l’influence de la drogue, de quoi est-ce que je devais avoir peur ? Nous allions tous les deux être dans le même état dans très peu de temps, alors à quoi bon résister. Adam me tendit ensuite le verre. A peine avait-il touché mes doigts que je portai rapidement ma main à mes lèvres. Il était trop tard pour réfléchir. Je pris un peu d’eau, et avalai ces maudites pilules. Les tremblements diminuèrent rapidement. Mon organisme n’avait pas encore réalisé que je venais d’absorber une bonne dose de drogue, mais mon cerveau savait déjà que le manque que je ressentais allait être enfin comblé. Cependant ce moment de lucidité n’allait pas durer longtemps.

Je connaissais ces pilules comme ma poche, et je savais que dans très peu de temps j’allais littéralement planer. Adam devait être fier de lui, il avait gagné. Enfin, étant donné qu’il venait de consommer la même drogue que moi, j’avais peut-être le droit d’espérer qu’il ne soit pas désagréable en me faisant remarquer que je n’avais aucune résistance. Je me laissai glisser sur le canapé dans une position plus détendue que celle que j’avais quelques secondes plus tôt. Déjà, l’effet des pilules se faisait ressentir. Je n’en avais plus rien à faire d’avoir craqué. C’était si bon de se sentir bien. Je laissai tomber le verre sur le sol. Il roula sous la table du salon, alors que je perdais peu à peu ma lucidité.

C’était la première fois que je faisais ce mélange et je devais avouer que franchement… c’était puissant. Même si je ne montrais rien, j’étais entrain de lutter pour conserver un maximum de lucidité. Je venais de rendre le verre d’eau à Nina et sa réaction ne tarda vraiment pas à se faire attendre car aussitôt, elle porta sa main, qui contenait les pilules, à sa bouche et finit par boire une gorgée d’eau pour faire passer tout ça. Un nouveau sourire de victoire vint se peindre sur mes lèvres. J’avais gagné, mais vraiment gagné. J’étais un victorieux et personne ne pourrait dire le contraire.

Les effets se firent rapidement voir sur Nina. Ses tremblements cessèrent assez rapidement. Comme quoi, encore une fois, j’avais encore raison. Je posais mon coude sur le dossier du canapé et affichais un sourire amusé pendant que la demoiselle se décrispait. Ses traits se détendaient et elle était vraiment plus jolie quand elle était détendue que lorsqu’elle affichait une mine sérieuse. Enfin, plutôt quand elle essayait de l’être.

L’avantage, c’était que maintenant, je n’allais plus avoir le droit au sermon qu’elle m’avait préparé. Concrètement, ça n’avait duré que trente secondes, alors que d’habitude, je pouvais en avoir pour plus d’une heure. Là, c’était cool ! J’allais avoir le droit à du silence et à aucune reproche sur ma consommation de drogue, ni sur le fait que je dealais. D’ailleurs, je me demandais ce qui la dérangeait le plus, réellement. Mais bon, même si je me posais la question, la réponse ne m’intéressait pas plus que ça. Je n’avais absolument aucun compte à rendre. Tout ce qu’on voulait de moi, c’était que je ramène de l’argent, alors je ramenais de l’argent. Ma grand-mère pouvait me reprocher autant qu’elle voulait d’aller voir ma mère, mais je n’allais pas arrêter. J’avais vingt trois ans et on ne me dictait plus ma conduite.

« Comment tu te sens, ma jolie ? » demandais-je en lui effleurant la joue de mes doigts.

Personnellement, j’ignorais totalement que ce mélange là faisait autant planer et c’était vraiment mortel comme sensation. Si j’avais su, je l’aurais peut-être fait plutôt. Je devrais peut-être le conseiller à certain qui prenait les mêmes pilules qu’elle. Oh et puis après tout, ils avaient qu’à se démerder pour trouver eux même le mélange. J’étais pas cuisto, j’étais garagiste !

Je n’avais jamais pris ces trois pilules en même temps et l’effet était… fort. Déjà lorsque je les prenais une par une c’était pas mal, mais là c’était encore totalement différent. J’étais ailleurs. Ma vue était un peu troublée, mais rien de vraiment effrayant. C’était surtout le fait que mon corps était en train de se détendre au maximum et que je n’avais plus envie de servir des arguments tout faits à Adam, destinés à critiquer sa consommation de drogue. En ce moment je n’en avais plus rien à faire de mes idéaux. Je planais complètement. Si j’avais su, je n’aurais même pas perdu mon temps à critiquer Adam et je lui aurais directement demandé qu’il me donne ces pilules magiques.

J’ouvris la fermeture éclair du gilet que je portais, et je m’en débarrassai sur le champ. J’avais bien trop chaud pour garder ce tissu sur mes épaules. J’étais tellement mieux en t-shirt. La réalité s’était totalement transformée, et le temps semblait passer plus lentement. La seule chose qui me ramena sur Terre fut le contact des doigts d’Adam sur ma joue. Je me retournai vers lui, un sourire aux lèvres. Il me demandait comment je me sentais. Il y avait une multitude de mots pour décrire mon état en ce moment. J’avais l’impression de flotter, et je trouvais ça vraiment cool comme sensation. La drogue, c’était mal. Mais qu’est-ce qu’on s’en fichait après tout !

En me détendant, j’avais glissé sur le canapé, me retrouvant à moitié allongée dessus. J’étais tournée vers Adam, et je le regardais avec le sourire béat de la droguée qui avait eu sa dose. Je n’avais pas encore répondu à sa question, et je connaissais une bonne manière de lui donner une réponse. Je me laissai glisser vers lui, me rapprochant dangereusement d’Adam. Sans que je puisse contrôler quoi que ce soit, ma main se mit à glisser sur une de ses jambes pour remonter sur son torse, sous le tissu du t-shirt qu’il portait. Je n’étais plus à même de contrôler ce que je faisais, et je m’en fichais complètement. Je me mis à frôler ses lèvres des miennes alors que j’apportais enfin une réponse à sa question.

- Beaucoup mieux.

Adam venait de découvrir le mélange du siècle, qui faisait même planer une fille qui était à la base venue pour lui faire la morale. J’étais consciente que ma crédibilité s’était totalement envolée, si j’en avais eu une à un moment donné. Mais en ce moment, c’était le cadet de mes soucis.

Même si je planais à quatre milles et que je donnais l’impression de n’être conscient de rien, c’était vraiment tout le contraire. Ouais, je planais. J’avais l’impression que le canapé s’était transformé en un nuage bien mou dans lequel on pouvait s’enfoncer facilement. Mais ce n’était pas pourtant que j’oubliais tout. J’étais tout à fait lucide ! Niveau cohérence dans les paroles, c’était toujours bon, donc il n’y avait pas de quoi flipper. Par contre, maintenant que j’avais découvert ça, je n’arrivais pas à comprendre pourquoi Nina tenait absolument à arrêter. C’était géant comme truc et ce n’était pas tous les jours qu’on pouvait planer comme ça… Ralala ces filles !

Je n’avais pas pu m’empêcher de l’observer lorsqu’elle retira la veste qu’elle portait encore sur le dos jusqu’à présent. Je m’étonnais d’ailleurs qu’elle ne l’ait pas retiré avant parce que moi, c’était la première chose que j’avais faite en mettant les pieds au squat. Je ne regardais pas du tout où elle avait mis son vêtement. Mes yeux s’étaient posés sur la peau de ses bras. Contrairement aux rouquines que j’avais pu croiser, Nina était surement la seule qui n’avait pas une peau extrêmement fragile qui nécessitait mille et une protection pour ne pas choper un cancer de la peau ou un truc dans le genre. Non, cette fille là avait une peau de pêche absolument normale.

Maintenant, je voulais savoir comment elle se sentait, d’où ma question. Cela sembla la ramener un petit instant sur terre car lorsqu’elle me regarda, il y avait de la lucidité dans ses prunelles. Comme moi ! Mais elle aussi, elle devait planer à quatre milles. Voir p’t’être plus haut ! Je songerais à lui demander à l’occasion ! Quand j’aurais l’esprit moins embrouillé, cela va sans dire.
Je continuais de la regarder s’approcher de moi. Elle souriait comme une bien heureuse et à mon avis, je faisais de même. Sauf que j’étais beaucoup trop à l’ouest pour m’en rendre compte ou pas. Je sentis sa main se poser sur ma cuisse puis passer sous mon tee-shirt pour aller se poser sur la peau de mon torse. Wow… Finalement, elle avait peut-être eu raison de dire que j’ignorais l’effet que ça lui faisait. Mais moi, j’appréciais vraiment beaucoup cet effet. D’ailleurs, ça devait se sentir car le fait de sentir sa main sur mon torse provoquait un quelque chose qui se répandait comme un frisson sans que cela n’en soit un. Enfin c’était bizarre à expliquer.

Nina m’assura qu’elle allait bien. Même très bien. Je sus que je souriais à sa réponse. Elle avait vraiment perdu son défit. Et moi j’avais gagné. Je n’avais jamais douté de ma victoire, par contre, j’ignorais totalement que ça allait prendre cette tournure. Mais cela ne me dérangeait absolument pas. Il en faudrait vraiment beaucoup plus pour que ça me dérange. Et encore, ce n’était même pas dit.

« Tu m’en vois ravi » répondis-je.

Le fait que j’ai prononcé ces cinq mots contribua au fait que mes lèvres frôlèrent les siennes. Une de mes mains vint se poser sur sa nuque et je capturais ses lèvres des miennes. Mon bras quitta le dossier du canapé pour aller s’enrouler autour de sa taille, la serrant contre moi.
Durant notre baiser, je caressais ses lèvres de ma langue jusqu’à ce qu’elles s’entrouvrent suffisamment pour un baiser particulièrement langoureux.

Je n’avais aucune idée précise de ce que je faisais, mais le truc dont j’étais réellement certain, c’était la position que je nous avais faite faire. J’ignorais comment, mais j’avais réussi à faire en sorte que Nina se retrouve assise à califourchon sur moi et mes deux mains se trouvaient sous son tee-shirt à elle que j’étais entrain de remonter. Je caressais la peau douce de son ventre pendant que nos langues étaient parties dans le ballet de l’année.

Cet instant était vraiment étrange, mais il était aussi complètement dingue. Je gardais assez de lucidité pour comprendre ce que j’étais en train de faire, et pourtant j’étais incapable de contrôler mes gestes. Mes mains glissaient sous le t-shirt d’Adam sans que je puisse les arrêter. De toute façon, stopper tout ça était la dernière chose que j’avais envie de faire. Surtout depuis qu’il m’avait rapprochée de lui et qu’on s’était retrouvés totalement collés l’un à l’autre. Je devais dire que depuis ma mauvaise expérience avec le client du bar, je n’avais plus voulu de contact physique avec personne. Cette nuit-là m’avait quelque peu traumatisée, et j’avais eu du mal à m’en remettre. Mais avec Adam, c’était différent.

Mes peurs s’étaient totalement dissipées. Je ne voulais en aucun cas arrêter ce qui était en train de se passer. Je souris en sentant sa langue sur mes lèvres, et je pris quelques secondes avant d’entrouvrir la bouche. Finalement, je commençai moi aussi à me laisser emporter par ce baiser, en caressant sa langue de la mienne. Ma tête commençait à tourner et je ne savais pas si c’était l’effet de la drogue ou de ce que j’étais en train de faire avec Adam. Je ne cherchais pas plus loin, car pour l’instant ça ne me perturbait pas plus que cela. J’étais bien trop occupée par le baiser fiévreux que nous étions en train d’échanger. Sans trop comprendre comment, je me retrouvai assise à califourchon sur lui.

Ma peau se mit à frissonner sous les mains d’Adam qui venaient de glisser sous mon haut. Notre baiser gagna encore en intensité alors que mon désir venait de grimper au niveau supérieur. Ces pilules m’avaient totalement fait changer de point de vue sur la drogue, du moins en ce moment, puisque j’étais sous leur influence. Ces trois petites choses venaient de transformer la fille moralisatrice que j’étais encore quelques minutes auparavant en quelqu’un qui ne se souciait plus de savoir quel effet nocif pourrait bien avoir la drogue. Je ne voyais plus qu’Adam et je planais de plus en plus haut. Je ne tardai pas à me rendre compte que mon bassin s’était mis à onduler contre celui d’Adam.

Je rompis le baiser juste le temps de lui retirer son t-shirt. Je laissai tomber le vêtement sur le canapé et repris à nouveau possession de ses lèvres. Mes mains parcouraient son torse sans aucune retenue alors que les ondulations de mon bassin devenaient plus intenses. La manière dont je l’embrassais trahissait l’état d’esprit dans lequel j’étais, même si mes caresses et les mouvements de mon bassin étaient également très révélateurs.

J’étais complètement lucide et pourtant, même avec la meilleure volonté du monde, je n’arriverais pas à m’arrêter. Pas à ce stade en tout cas. Enfin, il fallait dire aussi que nous n’étions pas vraiment passés par la case départ. Nina avait attaqué fort. Tellement fort que faire marche arrière n’était plus vraiment envisageable. Moi, cela ne me dérangeait absolument pas de commencer de cette façon. Ce n’était pas comme si je ne l’avais jamais fait de ma vie et surtout sans aucun sentiment. Bon je ne couchais pas non plus avec n’importe qui, mais ça m’arrivait d’avoir des histoires sans lendemain.

Les mains de Nina n’étaient pas inactives sous mon tee-shirt et autant dire que j’aimais ça. J’étais peut-être à l’ouest, mais je n’étais pas sans réaction car bien au contraire, tout mon être réagissait au contact de la jeune femme. Une chaleur grandissante naissait en moi, j’en étais conscient. Elle partait de mon ventre pour aller irriguer dans l’ensemble de mon enveloppe corporelle. La sensation était loin d’être désagréable. Même très, très loin car mon désir et mon excitation ne faisaient que grandir de plus en plus.

Nina contribua sérieusement à faire grimper le tout en se mettant à bouger ses hanches, frottant son bassin contre le mien. Alors là… j’allais vraiment voir les étoiles parce qu’en plus de planer à quatre milles, j’allais atteindre des sommets.
La réaction physique ne tarda pas à ce faire, surtout au niveau de ma virilité qui ne faisait que gagner de l’ampleur avec ces frottements. Je n’allais pas tarder à me sentir à l’étroit dans mes vêtements. D’ailleurs, ça commençait déjà. Je n’étais pas long à la détente, d’habitude, mais là… Ou c’était l’effet des pilules ou c’était Nina qui faisait de l’effet. Mais pour le moment, je n’étais pas vraiment capable de réfléchir sur ça. On verrait plus tard.

Je profitais du fait que nos deux lèvres soient séparées pour lui retirer également son tee-shirt. J’eus ainsi le droit à une magnifique vue sur ses seins, couvert d’un soutien gorge rouge.

« Joli » fis-je.

Je n’eus le temps de rien dire d’autres car nos lèvres se collèrent de nouveau. Mes mains caressaient la peau de son dos avant de se poser sur ses fesses, accompagnant ainsi ses mouvements de bassin qui étaient de plus en plus profonds.

Si mes sous-vêtements étaient déjà au goût d’Adam, qu’il attende un peu de voir ce qu’il se cachait en dessous. Je savais que j’avais été plutôt gâtée par Dame Nature de ce côté-là, mais bon je n’avais pas pris pour habitude de m’en vanter. J’aurais bien voulu lui retourner le compliment, parce que je devais avouer que ce que j’avais découvert sous son t-shirt ne me laissait pas indifférente ; mais j’étais incapable de décoller mes lèvres des siennes pour l’instant. Je l’embrassais sans me retenir, et je ne me lassais pas de sentir nos langues s’entremêler et bouger en harmonie. Je sentais également Adam réagir à mes mouvements de bassin, ce qui ne me déplaisait pas.

Au contraire, mon envie et mon désir grimpaient à toute vitesse à force de sentir la virilité grandissante d’Adam se frotter contre mon intimité, à travers nos vêtements. Comme s’il avait lu dans mes pensées, il posa ses mains sur mes fesses pour intensifier mes mouvements contre lui. Autant avouer que la chaleur montait, surtout entre mes cuisses. Mon excitation était telle que des soupires de désir commençaient à sortir de ma bouche pour venir se perdre dans celle d’Adam. Mes mains glissèrent directement le long de son torse pour venir se poser sur son pantalon. Je ne perdis pas de temps pour déboutonner celui-ci, ce qui augmenta encore un peu l’effet que les frottements avaient sur moi.

Je laissai mes mains continuer leur exploration, jusqu’à ce que l’une d’elle se pose directement sur l’entrejambe d’Adam, que je commençai à couvrir de caresses, à travers son sous-vêtement. J’étais pleinement consciente de ce que je faisais, c’était juste que si j’avais dû m’arrêter, je n’en aurais pas été capable. Depuis que j’avais avalé ces pilules, la réalité s’était transformée. J’avais l’impression que lui et moi nous étions seuls au monde, et j’avais même oublié où nous nous trouvions. Je planais tellement que j’avais même l’impression d’avoir oublié mon nom. Par contre le sien, je ne risquais pas de l’oublier. Il tournait sans arrêt dans mon esprit.

Je perdais la tête, en restant un minimum lucide. C’était à la fois étrange et exaltant. Mes pensées étaient envahies par un brouillard total, et la seule chose qui restait claire était mon désir pour Adam. Je décollai un peu mes lèvres des siennes pour les diriger vers son cou, alors que mes caresses se faisaient déjà plus intenses. Je me mis à déposer des baisers légèrement humides sur le cou et le torse d’Adam, sans pouvoir contrôler mes mouvements et mon envie qui grimpait encore et encore.

Je me sentais de plus en plus à l’étroit dans mon jean et franchement, ça n’avait rien d’agréable… Enfin, les frottements de l’intimité de Nina contre ma virilité étaient plaisants. Très plaisant. Mais niveau confort, c’était à revoir légèrement. Mais pour le moment, c’était la dernière chose à laquelle je pensais. J’aidais à la jeune femme dans ses mouvements de bassin et cela eût pour effet de lui faire sortir des soupires d’entre ses lèvres. Soupires qui venaient se perdre dans ma bouche. Je n’en menais pas large non plus parce que c’était pareil pour moi. Je ne pouvais pas m’en empêche. C’était comme si… quelque chose se trouvait à l’intérieur de moi et agissait à ma place tout en me laissant voir exactement ce qu’il se passait. Comme si j’étais spectateur.

Les mains de Nina vinrent se poser au niveau du haut de mon jean. Malgré nos lèvres toujours collées, je ne pouvais m’empêcher de sourire. La témérité de ses mains m’amusait dans le bon sens du terme. Malgré le fait que l’absence de ses mains sur mon torse laissait des marques brulantes, j’appréciais qu’elle me déboutonne le pantalon. J’avais l’impression d’être un peu moins serré, et pourtant, ce n’était pas totalement libérer. Enfin bon, le moment arriverait, il suffisait d’attendre.

Un soupire d’extase sortit de ma bouche lorsque sa main vint se poser sur ma virilité encore recouverte de mon boxer. Tout ce que je ressentais était une addition de plein de choses en même temps et cela ne rendait le moment que plus excitant. J’adorais !
Je pouvais soupirer à mon aise lorsque ses lèvres quittèrent les miennes pour aller se poser dans mon cou. Mes mains quittèrent ses fesses pour lui déboutonner son jean et finalement, je le lui retirais. Son corps, quasiment nu, s’offrait à moi et rien que cette pensée était vraiment exaltante.

Je parcourais de nouveau son dos de mes mains jusqu’à trouver l’attache de son soutien-gorge rouge que je dégrafais en deux temps, trois mouvements. Je posais mes mains sur ses seins sans attendre et commençais à les caresser. Sous mes paumes, je sentais leurs pointes ressortir.
Même si je n’étais pas capable de me contrôler réellement, j’avais l’impression que je pouvais perdre encore plus ce contrôle. C’était bizarre. C’était comme si là, ça me concernait réellement. C’était spécial comme sensation, et pourtant, je me surprenais à songer que ça me plaisait.

Pendant qu’elle s’occupait de mon cou et de mon torse, je lui embrassais les épaules tout en continuant de toucher sa poitrine, faisant réagir de plus en plus ses seins sous mes mains.

Moi qui d’ordinaire fuyais les contacts physiques par n’importe quel moyen, on pouvait dire que là j’avais vraiment envie de continuer. J’adorais sentir ses mains sur moi, et j’étais très à l’aise en sa compagnie. Je pense que vu ma façon d’agir, Adam se rendait compte que mon envie était réelle. Bien sûr il ne connaissait pas mes histoires personnelles, et il n’était donc pas au courant de cette triste expérience que j’avais vécue avec ce client du bar auquel je travaillais. Mais vu ma façon d’être en ce moment, ce stress semblait avoir totalement disparu de mon esprit, pour ne laisser que l’envie que j’avais envers lui. Lorsque ma main s’était posée sur la virilité d’Adam, un soupire était sorti de sa bouche, ce qui m’avait fait sourire.

J’adorais l’entendre soupirer comme ça, rien que ce son me donnait du plaisir et augmentait le nombre de mes propres soupires. Je sentais très bien qu’il commençait à être sacrément à l’étroit dans son sous-vêtement. De toute façon vu l’état d’excitation dans lequel je me trouvais, ce morceau de tissu ne l’encombrerait plus pendant très longtemps. Je continuai à déposer des baisers sur la peau d’Adam pendant que ses mains déboutonnaient mon jean. Il ne tarda pas à me le retirer, dévoilant mes jambes. En revenant me coller contre lui, je savais qu’il pouvait sentir à quel point ma peau était devenue brûlante. Nous étions tous les deux dans le même état d’esprit, et d’excitation.

Le mélange des pilules que nous avions prises était vraiment étonnant. C’était une chose à retenir, parce qu’en ce moment je me sentais tellement bien que je pensais déjà à réessayer. Mais pour l’instant c’était surtout Adam qui occupait mes pensées. D’ailleurs il venait de détacher mon soutien-gorge, pour le laisser tomber je ne savais pas trop où. A vrai dire en ce moment je m’en fichais complètement de savoir où mes vêtements atterrissaient. Ma poitrine réagit immédiatement au contact de ses doigts, ce qui eut pour effet d’intensifier les caresses que j’effectuais toujours à travers son sous-vêtement. Ses lèvres sur ma peau me faisaient frissonner. Je me mis à mordiller la peau de l’une de ses épaules avec envie.

A force de sentir ses mains caresser ma poitrine, je perdais totalement la tête. Le désir prenait possession de mon esprit, et je n’arrivais vraiment plus du tout à me raisonner. Je ne tardai pas à lui retirer son pantalon. Nous étions maintenant au même stade vestimentaire, mais cela ne dura pas très longtemps puisque j’étais tellement impatiente que je libérai enfin Adam de son sous-vêtement. Je revins très vite à ma position initiale, et fit à nouveau glisser mes mains sur sa peau maintenant totalement libre de tout tissu. La Nina d’ordinaire si prude n’existait plus. Ma main retourna à son exploration, qui avait tellement plue à Adam quelques minutes plus tôt. Je caressai à nouveau sa virilité, sans qu’aucun tissu ne vienne cette fois s’interposer.

Nos deux corps dégageaient une chaleur extrême. J’avais l’impression d’avoir une forte fièvre alors que pourtant, j’étais en parfaite santé. Drogué, certes, mais en pleine forme. Enfin c’était assez contradictoire de se dire que j’étais en bonne santé alors que de la drogue circulait dans mes veines.
Je savourais chaque chose que Nina pouvait me faire, aussi bien ses caresses que ses lèvres sur ma peau. Chaque chose laissait une marque brulante sur moi. Brulante qui ne laissait aucune trace. C’était l’avantage, et pourtant, j’étais prêt à en redemander.

Les caresses que je prodiguais à sa poitrine avaient pour effet d’accentuer les siennes sur mon membre qui ne cessait pas de grandir à chaque instant. Comme je l’avais prévu, déboutonner mon jean n’avait été une libération que pour quelques secondes. Cela n’avait pas été grand-chose, mais légèrement bénéfique au début. Maintenant, c’était insuffisant.
Mes soupires se transformèrent rapidement en des légers gémissements. Bon dieu, ce que c’était bon ! Si ça, ça me faisait perdre la tête, qu’est-ce que ça allait être plus tard ? Ca allait être vraiment pire.

Je sentis ses dents mordiller mon épaule, ce qui m’arracha un sourire. Rapidement, je me retrouvais démuni de mon jean qui avait atterrit quelque part dans le squat. Surement pas très loin, mais je m’en moquais. Des vêtements, ça se retrouvait facilement. Ce n’était pas non plus une chasse au trésor qui allait s’offrir à nous juste après. Quoi que avec le bordel qu’il y avait ici…
Nina et moi avions exactement la même quantité de vêtements sur nous, mais cela ne dura pas très longtemps car la demoiselle me retira mon boxer aussi rapidement qu’elle avait retiré mon jean.

Là, c’était clair, je me sentais nettement plus à l’aise. C’était nettement mieux comme ça. Je me mordillais la lèvre inférieure lorsque sa main se posa de nouveau sur ma virilité totalement dénudée cette fois et la sensation fut encore meilleure que la fois précédente.
Mes mains quittèrent sa poitrine pour descendre sur ses hanches et finalement, je lui retirais le dernier sous-vêtement qu’elle portait sur le corps. Maintenant, nous étions de nouveau sur un pied d’égalité.

Je fis basculer Nina sous moi. Elle se retrouva donc allongée sur le canapé. J’attrapais ses lèvres avec les miennes tandis qu’une de mes mains descendait le long de son ventre avant d’aller se réfugier entre ses cuisses.