Ce soir, j’avais décidé de changer d’endroit pour vendre un peu de drogue. Le métro, c’était pas mal, surtout le soir. La journée, c’était assez compliqué de se faire du blé parce qu’il y avait les flics qui passaient et surtout que la plupart des gens qu’on croisait, c’était des employés qui se rendaient au boulot ou bien rentrer chez eux, allant rejoindre femmes/maris et enfants quand ils en avaient. Mais le soir, c’était toute une autre histoire parce que c’était surtout les jeunes défoncés qui prenaient le métro et qui achetaient de la drogue en masse pour passer une pure soirée.

Comme toujours, j’étais posté à une sortie, adossé contre le mur, fumant une clope comme si j’attendais quelqu’un. Paraitre totalement normal était nécessaire lorsqu’on ne voulait pas se faire arrêter car malgré tout, les flics et parfois les contrôleurs passaient dans le coin. J’arrivais à avoir l’air normal la plupart du temps. Bon, ça m’était déjà arrivé de me retrouver au poste de police, comme tout le monde, je ne faisais pas exception. Mais même si les flics me prenaient ma drogue, j’arrivais à garder l’argent en payant ma propre caution avec. Enfin bon, ce n’était plus comme si je n’étais pas connu des services de police non plus.

Je vendais ce que j’avais suivant les besoins de chacun de ceux qui me demandaient et suivant la sensation qu’ils voulaient avoir en les ingérant. Bref, qu’est-ce que je ne ferais pas pour mes clients, hein ? On se le demandait de toute façon !
Je finissais ma clope et jetais mon mégot au sol. Il y en avait déjà pas mal autour de moi. Il fallait dire aussi que ça faisait… quoi… quatre heures que j’étais là ? Je n’avais plus beaucoup de cam sur moi donc, j’allais devoir fermer boutique. C’était d’ailleurs ce que j’étais entrain de faire en vérifiant que tout l’argent que j’avais amassé était bien rangé dans ma poche et surtout, non mis en évidence.

A Barcelone, c’était un peu la jungle quand il s’agissait d’argent et on se faisait facilement faucher quand on ne faisait pas gaffe et surtout, que moi, cet argent, j’en avais quand même besoin. Ma mère allait me taper une crise si elle ne voyait pas son placard se remplir d’alcool. J’étais peut-être con de continuer à l’approvisionner, mais c’était ma mère, j’y pouvais rien. Depuis la mort de papa, elle était comme ça et il n’y avait vraiment que dans un état second qu’elle me regardait.

J’étais légèrement plongé dans mes pensées quand je vis une silhouette qui ne m’était pas du tout inconnue. Et pour cause, la silhouette appartenait à Joyce, une fille dont j’avais fait la connaissance dans un club. Je lui avais « sauvé la vie » quand elle avait commencé à faire un strip-tease devant tout le monde en prétextant que j’étais son petit copain. J’ignorais si j’avais bien fait, mais en attendant, elle avait évité une situation délicate avec la dizaine d’hommes qui la sifflaient pour qu’elle continue.

Je restais donc où je me trouvais, attendant tranquillement que Joyce approche pour venir vers moi. Une fois qu’elle fut à ma hauteur, j’affichais mon meilleur sourire.

« Salut beauté ! » fis-je une fois qu’elle fut à ma hauteur.